Ancien international marocain, Jamel Aït Ben Idir a évolué en France comme au Maroc. L’ancien joueur du Havre et du Wydad Casablanca analyse pour Football365 Afrique les débuts des Lions de l’Atlas, mercredi face à la Croatie (0-0).
Jamel, le Maroc a débuté sa Coupe du monde par un nul contre la Croatie (0-0). Quel bilan fais-tu de cette entrée en matière ?
C’est un bon point, compte tenu de la physionomie du match. Mais je pense qu’avec plus de justesse dans les transitions offensives, le Maroc pouvait amener plus de danger. Je trouve que l’équipe n’a pas été assez efficace sur les deux-trois premières passes. Soit on a été brouillon, soit on a fait le mauvais choix, par précipitation ou par manque de justesse technique. C’est dommage. Il faudra travailler sur ça. Défensivement, on a été solides. Mais cette fébrilité à la récupération du ballon nous a coûté. Si je regarde le groupe, je trouve qu’on n’a pas l’attaquant qui va te mettre ce but qui fait du bien dans des matchs comme celui-là. En-Nesyri a beaucoup de générosité, Hamdallah n’a pas un aussi grand volume de jeu qu’En-Nesyri. La solution offensive pour le Maroc sera collective. Il faudra aussi être plus performant sur les coups de pied arrêtés. Mais c’est un bon point, on débute la compétition sur une note positive.
Le Maroc est plus à l’aise quand l’équipe a la possession…
Oui. Quand le Maroc joue contre des équipes qui lui laissent le ballon, il n’y a pas de problème. Mais contre des équipes qui tiennent le ballon, on manque de joueurs capables d’être performants dans cette configuration-là. On a plus des joueurs de ballon. Si on fait un parallèle avec la Tunisie, on se rend compte que les Aigles de Carthage ont davantage ce profil-là. A contrario, la Tunisie aura un peu plus de mal si l’adversaire lui laisse le ballon. Elle manquera un peu de créativité.
« Ziyech manque malheureusement de rythme »
Qu’as-tu pensé de la prestation d’Hakim Ziyech, un peu court physiquement ?
Le manque de compétition se ressent particulièrement sur ces matchs à haute intensité. Il n’a pas eu le volume qu’on peut lui connaître. Il a été bon, sans plus. Mais il a des circonstances atténuantes : il n’a malheureusement pas le rythme qu’il devrait avoir dans les jambes.
Tu as regardé la rencontre Belgique – Canada. Quel est ton avis sur ces deux futurs adversaires des Lions de l’Atlas ?
La Belgique a de grosses individualités. Même quand l’équipe n’est pas bien, on l’a vu contre le Canada, elle est capable de marquer et de rester dans le match. Il faut faire attention à sa qualité de passe, avec les De Bruyne, Hazard, à un degré moindre Carrasco. C’est une équipe bien organisée, solide, qui profite des erreurs adverses et ne laisse pas beaucoup d’espace. C’est du classique, contrairement au Canada, qui a un style beaucoup plus marqué.
Lequel ?
L’équipe attaque toujours à cinq ou six joueurs, parfois sept. Ils jouent très haut, prennent des risques et mettent beaucoup de rythme et d’agressivité. Ils disposent de joueurs rapides devant, et se replacent très vite à la perte de balle. Malgré cela, ils laissent beaucoup d’espaces sur les côtés et dans le dos de la défense centrale. L’idée sera d’essayer d’en profiter rapidement à la récupération du ballon. Chose que le Maroc n’a pas bien fait contre la Croatie et même sur les matchs précédents. Il manque du tranchant, de la justesse et des solutions offensives nettes à la récupération. L’équipe n’explose pas assez vers l’avant dans ces situations. On joue avec des ailiers « rentrants » : Boufal, droitier qui joue à gauche, et Ziyech, gaucher à droite. Ils ont tendance à rentrer dans le cœur du jeu pour donner des solutions entre les lignes pour garder le ballon. Ce qui peut être dommageable, c’est la sortie de Mazraoui et Hakimi, qui se touche la cuisse. S’ils sont absents, la question de la profondeur de banc va se poser !
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