Mbappé et Deschamps, la rupture définitive ?

« C’est comme ça » : c’est en ces termes,
répétés à plusieurs reprises, que Didier Deschamps a justifié

l’absence de Kylian Mbappé pour ce nouveau rassemblement de
l’équipe de France. On a connu le sélectionneur des
Bleus plus habile dans ses éléments de langage. Et surtout plus
précis.

Deschamps a pourtant ajouté un élément important : Mbappé
voulait venir, cette fois-ci. Une façon de confirmer, s’il le
fallait, que l’ancien Parisien avait choisi de ne pas venir le mois
dernier… « J’ai eu plusieurs échanges avec lui. J’ai
réfléchi et j’ai pris cette décision sur ce rassemblement. Je pense
que c’est mieux comme ça. Je ne vais pas argumenter. Ce que je peux
vous dire, deux choses : Kylian voulait venir, et ce n’est pas les
problèmes extrasportifs qui rentrent en ligne de compte à partir du
moment où la présomption d’innocence existe. C’est un choix
ponctuel pour ce rassemblement avec les deux matchs qui nous
attendent ».

Un malaise autour de Kylian Mbappé

Dans ce contexte, avec un discours officiel aussi flou, les
interprétations possibles sont nombreuses. Deschamps protège-t-il
sa star, engluée dans des problèmes sportifs et extra-sportifs ?
C’est une possibilité. Les deux hommes ont toujours entretenu une
grande relation de confiance. Et la situation de Mbappé ne l’aurait
pas exonéré de son passage devant les médias, même si l’exercice
n’est pas obligatoire.

En ne se présentant pas devant la presse alors qu’il aurait été
convoqué, l’attaquant, déjà pointé du doigt pour son attitude
détachée lors de sa dernière conf’, aurait été accusé de fuir ses
responsabilités de capitaine. Une somme d’éléments à laquelle
s’ajoute la nature du prochain match, une rencontre France-Israël à
consonance politique. Terrain vaseux pour un joueur clivant.

Deschamps a-t-il lâché Mbappé ?

Il est également envisageable que Didier Deschamps n’ait pas de
double-langage, et que son propos soit donc véridique. Dans ce
cas-là, comment Kylian Mbappé a-t-il accueilli une telle décision ?
Cette non-convocation, dans le contexte extra-sportif qui est le
sien, rappellerait la mise à l’écart progressive de Karim Benzema
après l’affaire Valbuena.

« Je n’ai que des décisions dures. J’en ai eu plusieurs
fois des décisions importantes, dures, ce que vous voulez, a
d’ailleurs lâché Deschamps. Derrière chaque joueur, il y a un être
humain aussi. Quand je fais des listes pour une compétition, je ne
fais pas que des heureux. C’est ma responsabilité de prendre les
décisions. Je ne vais pas mettre de curseur. Je le répète, c’est ma
responsabilité, je l’assume totalement. Je vis avec ça et je suis
amené à chaque fois à prendre des décisions plus ou moins dures.
Tout dépend après de la sensibilité des uns et des
autres ».

Les déclarations étranges de Deschamps

« On peut ne pas être d’accord sur tout, a aussi
tonné Deschamps, devant une assistance stupéfaite. Ce sont des
discussions que je peux avoir les joueurs. Je ne suis pas là pour
que les joueurs me disent que je suis le plus beau et le meilleur.
J’écoute. Je me suis toujours nourri de ces discussions, qu’elles
soient individuelles ou collectives, en protégeant tous les
joueurs. C’est pour ça que je peux avoir beaucoup de discussions
qui peuvent sortir de la sphère uniquement terrain, parce qu’ils
savent très bien qu’on sait qui a parlé si quelque chose sort. Ces
échanges sont importants pour moi. Avec le recul, la tranquillité,
le plus de lucidité possible, je prends les décisions qui me
semblent être les meilleures ». Intransigeance feinte ou
réelle ? Didier Deschamps et Kylian Mbappé sont les seuls à le
savoir. 

Quoiqu’il en soit, on aura connu le technicien plus conciliant
avec sa star. Y compris sur le volet sportif, où le sélectionneur
n’a pas nié les difficultés actuelles du buteur. « Il est
sur une période où il est moins efficace, bien évidemment. Il est
beaucoup jugé là-dessus et c’est assez logique ».
Beaucoup plus logique, effectivement, que de voir le capitaine
d’une sélection majeure manquer deux rassemblements consécutifs
sans blessure.