La première conférence de presse de Kylian Mbappé dans le costume de capitaine annonce des changements assez radicaux par rapport à son prédécesseur, Hugo Lloris.
Personne n’en doutait vraiment, au fond. Mais il fallait tout de même le voir pour le croire. Observer Kylian Mbappé balayer tous les thèmes importants de l’équipe de France, sans aucune fausse note, avec une apparente décontraction et même une forme de délectation, vient rappeler à quel point ce jeune homme de 24 ans est une personnalité hors norme. Pour son grand oral de rentrée dans la peau d’un capitaine, Mbappé ne s’est pas loupé.
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Deux enseignements se dégagent de ce point presse, qui marque le début d’une nouvelle ère dans l’écosystème de l’équipe de France : primo, Kylian Mbappé a bien l’intention de se tourner vers les autres – il n’a cessé de le répéter. « Un bon capitaine, c’est quelqu’un qui est avant tout tourné vers l’équipe. Rassembleur, fédérateur et capable d’amener les autres dans son sillage ». Secondo, cette évolution ne sera pas non plus une rupture dans sa manière d’être, et de faire. En d’autres termes, Mbappé ne fera pas du Lloris. Voici 3 points qui le distinguent déjà très clairement de son prédécesseur.
1. La forme
L’instant est savoureux. Avec l’aplomb qui le caractérise, le meilleur buteur de l’histoire du PSG a retourné une question à un journaliste qui l’avait alerté sur la nécessité de rester diplomate en toutes circonstances – norme supposée lorsqu’on a le brassard autour du bras.
« Je peux vous poser une question, moi : pourquoi voulez-vous que ça change ? Comme j’ai dit avant, chacun a sa personnalité. Je ne suis pas comme Hugo, Hugo n’est pas comme moi. Je serai un capitaine encore différent. Je ne pense pas que le coach m’a mis capitaine parce qu’il s’est dit que je ferai la même chose qu’Hugo. Ou peut-être que je me trompe, hein… ». Moins de contrôle. Quelques punchlines. Un débit rapide. L’improvisation d’un échange « ping-pong » s’il le juge nécessaire. Du Mbappé dans le texte. La presse pratique le phénomène depuis 2017.
2. Le fond
On l’a compris, il ne faut pas s’attendre à un robinet d’eau tiède avec l’enfant de Bondy. Pas le genre de la maison. Mais par-delà la forme, Kylian Mbappé devrait aussi apporter un changement assez net sur le fond. En clair : dire des choses. Au contraire de son prédécesseur et – surtout – de son sélectionneur.
Mbappé ne dit pas tout, mais pense tout ce qu’il dit. La nuance se situe là. Didier Deschamps sait qu’il lui sera difficile de préparer l’exercice avec le même contrôle et la même complicité que durant ses années aux côtés de Lloris. Incorruptible, insaisissable, parfois incontrôlable, Kylian Mbappé est un footballeur libre. « Que mes paroles fassent grand bruit, oui, je le sais », a-t-il lâché, sourire au coin. Pour le rappeler, il suffit de se pencher sur l’éviction de Noël Le Graët suite à son tweet en réaction aux propos irrespectueux du Breton a l’égard de Zinédine Zidane. « Zidane c’est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça… ». Quelques mots qui ont tout déclenché pour pousser Le Graët dehors.
3. L’assiduité
Parce que la valeur est aussi dans la rareté, il ne faudra pas s’attendre, non plus, à voir Kylian Mbappé débarquer aux côtés de Deschamps à chaque veille de match. Le protocole ne l’oblige pas. Et quand bien même ce serait le cas, il n’y aurait rien d’étonnant à voir le Parisien agir selon ses envies. Après tout, le bougre a bien snobé la presse internationale pendant toute la phase de poules, lors de la grande aventure au Qatar, malgré deux titres d’homme du match (contre l’Australie et le Danemark). Un acte assumé – il a payé des amendes.
« Je ne viendrai pas avant tous les matchs pour venir vous parler. Il ne faut pas accaparer toute l’attention médiatique, il y a d’autres joueurs, il faudra leur laisser leur place. Je joue avec des gens doués, qui jouent dans les meilleurs clubs du monde, c’est un plaisir d’être considéré comme le leader de cette équipe. Je n’ai pas besoin de leur répéter 70 fois les mêmes choses… ». Pour nous aussi, tout est clair.
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