Ancien international marocain, Jamel Aït Ben Idir a évolué en France comme au Maroc. L’ancien joueur du Havre et du Wydad Casablanca analyse pour Football365 Afrique la rencontre qui attend les Lions de l’Atlas, mardi face à l’Espagne en huitièmes de finale du Mondial 2022.
Jamel, le Maroc va affronter l’Espagne, équipe de possession par excellence. En quoi cette configuration change-t-elle les choses par rapport aux précédents matchs ?
Contre la Belgique et la Croatie, on se disait déjà que ces équipes seraient meilleures que nous dans la possession et qu’on devrait faire beaucoup d’efforts. Nos joueurs sont donc déjà prêts à cette configuration, ils sont mentalement prêts à ne pas avoir le ballon et à faire les efforts. Maintenant, si tu pars du principe que tu vas subir, tu as deux choix : soit tu l’attends dans ton camp et tu mets beaucoup de densité, dans la largeur comme sur la longueur. Il faut donc beaucoup de communication et de générosité dans l’effort pour leur fermer la possibilité de bien combiner. Autre choix, et celui-là est plus risqué si tu te loupes, aller les chercher très haut. Tu leur lances alors un défi mental. Ce que le Maroc a bien fait jusqu’à présent, c’est d’être solide dans son camp, avec un bloc bas voire médian qui fait les efforts. On a déjà montré qu’on était vigilants dans notre manière de mettre de la densité entre les lignes. Il faudra mieux le faire encore.
Quels seront les points clés de ce match ?
L’approche mentale d’abord. C’est une clé très importante. Les Espagnols ont plus d’expérience que nous de ces matchs à élimination directe. Mais nos joueurs ont montré face à la Croatie et à la Belgique qu’ils géraient bien ce type d’événement à haute pression, Walid (Regragui) aussi. Les gars savent qu’ils ont fait un gros truc et ont confiance en leurs qualités. Sur l’aspect tactique, il faudra mettre beaucoup de densité quand on n’a pas le ballon. Et si par moments on va les chercher haut, il faudra être coordonné dans les déplacements, avec beaucoup de communication. A la récupération, si on est bas, il faudra tout de suite exploser autour du porteur, et ne pas venir vers lui. L’Espagne est une adepte du contre-pressing : si tu crées de la densité autour du porteur, cela lui facilite la récupération.
« J’attends plus des relayeurs »
Sur quels aspects le groupe a-t-il encore des axes de progression ?
On a un super gardien, voire deux, une très bonne défense, Amrabat au milieu. J’attends encore plus des « 8 », de ces relayeurs qui ont un rôle très importants. On a un axe de progression sur ces milieux de terrain, quand on n’a pas le ballon et surtout quand on le récupère. Je mise beaucoup d’espoir sur Azzedine Ounahi, qui est un joueur en devenir. Le groupe est jeune sur certains postes, avec beaucoup de marge de progression. Ziyech est là en leader au niveau de l’attaque. On attend encore plus de Boufal. Ce groupe peut être encore meilleur dans l’utilisation du ballon à la récupération, même si on est en constante progression. Le point le plus positif est l’unité qui a été créée. C’est fort et c’est avec ça que tu peux renverser des montagnes. Walid a pris l’équipe très récemment. Avec plus de temps pour mettre ses idées en place, il faudra compter sur le Maroc pour les prochaines années.
Le Maroc est la dernière équipe africaine en lice, cela ajoute-t-il une forme de pression ?
Non. Ou alors une pression positive. Le Maroc va se sentir représentatif de beaucoup plus de monde, et va vouloir encore mieux faire. L’équipe aura à cœur de bien représenter l’Afrique.
Pour un joueur marocain, jouer l’Espagne est-il spécial ?
C’est toujours un peu comme un derby. On est voisins. Cela reste un derby méditerranéen, entre pays proches. Mais l’important reste le terrain. Je prédis un beau match, avec un Maroc en progression. Si on démarre bien ce match, il y aura quelque chose de beau au bout, Inch’Allah !
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