Avant le coup d’envoi de l’Euro 2020, nos journalistes Samuel Zemour et Jean-Charles Danrée débattent sur les chances de sacre de l’équipe de France. Les Bleus vont-ils remporter l’Euro après avoir soulevé la Coupe du Monde ?
Non : Malgré Benzema, le système arrive à bout de souffle
Par Samuel Zemour
Le statut de favori n’a jamais été favorable à l’équipe de France dans son histoire. Et le meilleur exemple de cette capacité des Bleus à déjouer lorsqu’ils sont au sommet reste la Coupe du Monde 2002. Didier Deschamps ne pourra plus se cacher derrière ce rôle d’outsider qu’il a parfaitement su exploiter lors du Mondial 2018. Cette année, la France sera l’équipe à abattre et certains l’ont déjà montré.
On rappellera notamment la défaite 2-0 de Juin 2019 face à la Turquie et un dernier rassemblement décevant en mars dernier (1-1 contre l’Ukraine, 0-2 au Kazakhstan et 1-0 en Bosnie), symboles d’un système de jeu qui arrive à bout de souffle.
Et si l’enthousiasme émerveille le peuple français, à l’image d’Emmanuel Macron, depuis le retour de Karim Benzema sous le maillot bleu, les récentes prestations contre le pays de Galles (3-0), puis la Bulgarie (3-0), ne peuvent apporter d’éléments de réponse.
Face à une équipe galloise réduite à dix en vingt minutes et une formation bulgare qui n’a frappé qu’une seule fois au but, il est impossible d’assurer que la défense tricolore sera aussi performante que lors du Mondial russe. Contre une Allemagne bien mieux armée, un Portugal solide et une Hongrie joueuse, Deschamps et ses hommes n’auront pas le choix que de montrer un visage beaucoup plus rassurant. Les individualités du trio Benzema-Griezmann-Mbappé ne suffiront pas.
Oui : cette génération dorée n’est qu’au début de son histoire
Par Jean-Charles Danrée
S’il est facile d’avancer caché, pourquoi ne pas assumer ce que le monde entier ne cesse de clamer ? L’équipe de France est une profusion de talents fantastiques. Le rappeler avant d’essayer de le démontrer n’a rien de présomptueux. C’est peut-être même plus courageux. Car c’est avec cette approche que les Bleus pourront sortir de leur zone de confort, évoluer, avancer et regarder les autres dans les yeux.
Il y a les faits, déjà. Les noms. Les CV. Ça ne fait pas tout mais ça compte un peu quand même. Féérique sur le papier, le trio Griezmann-Benzema-Mbappé a montré les prémices d’une vraie complicité. Aligné à 27 reprises, le duo de milieux Pogba-Kanté surfe sur une formidable série d’invincibilité. Hermétique en Russie, la ligne défensive, socle de l’édifice, n’a quasiment pas bougé – Umtiti cédant simplement sa place à Kimpembe. Dans toutes les lignes, toutes les zones, les Bleus s’appuient sur les joueurs les plus cotés de la planète, le tout avec une profondeur de banc notable – luxe qu’ils n’avaient peut-être pas il y a trois ans.
Et puis il y a le style, ensuite. Plus esthétique. Plus osé. Plus léché. Pas forcément moins équilibré. C’est à ce moment-là le chef d’orchestre fait son entrée. La mission de Didier Deschamps n’a pas changé : accorder les violons de tous ces artistes pour créer la bonne symphonie. Nous parlons ici d’un homme – le seul en France – qui a soulevé le trophée argenté de l’Euro après avoir brandi la Coupe du Monde. L’homme des grandes conquêtes. L’homme de la situation.
Dans la grande histoire du foot, il est question de cycles : celui de cette bande de jeunes loups n’est pas encore terminé. Elle est encore trop affamée. Elle ne peut pas être abîmée par la lassitude et le poids des années. Alors bien-sûr, à ces altitudes-là, les obstacles sont toujours plus nombreux. Parce qu’il y a toujours quelques nuages dans le ciel d’une équipe qui gagne. Parce qu’un Euro est intrinsèquement plus relevé qu’une Coupe du Monde. Et parce qu’il est plus difficile de rester au sommet que d’y grimper. Mais là est toute la beauté du défi pour ces Bleus : poursuivre leur ascension, toujours plus haut, pour bâtir une vraie dynastie, et ne pas rester l’équipe d’un été ou toutes les planètes étaient alignées…
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