HIGH TECHJeuxJEUX VIDEOTECH & NETWEB

Risques et récompenses de la transformation numérique des banques centrales

Kevin Braine, cadre chez Kroll, revient sur les risques et récompenses d’une CBDC. Le projet doit être parfaitement pensé pour éviter une future catastrophe.

Les crypto-monnaies posent les fondations des monnaies numériques, tant centralisées que décentralisées. Les banques centrales du monde entier ont bien saisi l’intérêt de la blockchain et allouent des ressources pour évaluer la viabilité d’une alternative numérique aux monnaies fiat comme on les connait aujourd’hui. Cela étant dit, cette transformation n’est pas simple et implique de nombreux risques.

Kevin Braine, cadre chez Kroll, revient sur les risques et récompenses d’une CBDC

Kevin Braine, directeur de la recherche et des opérations chez Kroll – fournisseur de services et produits numériques en lien avec l’évaluation, la gouvernance, le risque et la transparence – pèse ci-dessous le pour et le contre, tentant d’évaluer si les monnaies numériques de banque centrale (CBDC) valent le coup ou non. Il explique comment les CBDC sont développées et comment, avec la pandémie qui a cours, les CBDC ont aujourd’hui un chemin dégagé pour venir concurrencer les nouvelles monnaies.

Les crypto sont dans toutes les têtes, y compris dans celles de nombreux investisseurs et amoureux de la tech, depuis au moins dix ans, mais aujourd’hui, il semble qu’un autre groupe soit tombé sous le charme des monnaies numériques.

Les banques centrales sont de plus en plus nombreuses à envisager une CBDC, si elles n’ont pas déjà pris des mesures pratiques pour les implémenter. C’est le cas de la Banque de France qui, depuis un an, multiplie les expérimentations quant à l’introduction d’une monnaie numérique. Les CBDC pourraient promouvoir l’innovation sur les marchés et maintenir le contrôle de la banque centrale via les technologies de registre distribué (DLT). De la même manière, la Chine teste une version numérique de son yuan depuis avril 2020. 140 millions de citoyens ont déjà eu l’occasion de l’essayer. Cette monnaie devrait être la première à voir le jour dans une économie majeure. Le futur du paiement semble donc se profiler vers le numérique. Restera à déterminer si ce futur numérique devrait ou non passer par les banques centrales nationales et internationales.

Il y a un certain nombre d’avantages aux banques centrales. L’inclusion financière étant probablement celle qui a le plus d’impact. Les CBDC pourraient aussi permettre aux non-bancarisés d’avoir accès aux méthodes de paiement et services d’épargne. Plutôt que de se reposer sur des tiers, les banques et autres plates-formes de monnaies numériques, la banque centrale pourrait distribuer des fonds directement aux citoyens. Et pour les économies en développement, distribuer des aides financières numériques directement aux citoyens pourraient être très significatif.

Du point de vue de la sécurité, les CBDC rendraient le blanchiment d’argent bien plus difficile et l’identification des personnes bien plus simple. Chaque utilisateur de la monnaie aurait alors un profil numérique des transactions que la banque centrale et les organismes de régulation pourraient suivre pour mettre au jour d’éventuelles anomalies, et finalement parvenir à faire diminuer les activités illégales et le terrorisme ainsi que leurs financements.

Le projet doit être parfaitement pensé pour éviter une future catastrophe

Cela étant dit, les premiers tests ont mis en évidence la grande difficulté à introduire une version numérique d’une monnaie d’état. Parmi les 80 pays ou presque qui mènent une étude concernant une CBDC, aucun n’a déjà mis au point un cadre technologique pratique. La Banque d’Angleterre débat encore de la possibilité d’utiliser les registres distribués utilisés par les crypto-actifs ou de développer une forme de technologie centralisée, ce qui montre à quel point tout ceci est encore très nouveau pour le secteur bancaire.

La cybersécurité, tant pour les individus que les nations, est un aspect fondamental chez ceux qui s’opposent à la création de CBDC. Pour un utilisateur lambda, le vol de données via l’ingénierie sociale ou un quelconque malware pourrait avoir des conséquences désastreuses. L’infrastructure technologique des monnaies centralisées pourrait aussi être la cible de terroristes. Si l’omniprésence que représente une CBDC devait se mettre en place, alors le moindre danger sur le cadre entourant la CBDC d’une économie majeure pourrait être dévastateur.

L’utilisation de cash est en nette diminution – au Royaume-Uni depuis 2010, avec une perte de 35 % en 2020 par rapport à 2019 -, conséquence directe du fait que les pièces et autres billets sont de grands vecteurs de contagion – pour le virus de la Covid-19 -. Malgré cela, la Réserve Fédérale et la Banque d’Angleterre contiennent leur enthousiasme par rapport aux cadres pour les CBDC. Une CBDC devrait être extrêmement régulée, pour empêcher la moindre manipuler, et reposer sur une structure technologie des plus robustes. Un quelconque empressement à passer au numérique la monnaie centrale d’un pays pourrait au final avec l’effet inverse sur les entreprises et la population.


Source link

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité