Comme la Competition and Markets Authority (CMA) au Royaume-Uni, la Commission européenne estime que le rachat de l’éditeur américain Activision Blizzard par Microsoft ne sera pas sain pour la concurrence dans l’industrie vidéoludique et l’évolution du marché des jeux vidéo sur le long terme.
Déjà dans le viseur des autorités de la concurrence aux USA et au Royaume Uni, Microsoft va également devoir convaincre la Commission européenne pour faire valider l’acquisition d’Activision Blizzard qui doit normalement être officialisée avant fin juin 2023. Une enquête préliminaire rapporte que l’opération estimée à 68,7 milliards de dollars peut sensiblement réduire le jeu de la concurrence sur le marché de la distribution de jeux vidéo pour consoles et PC, y compris les services d’abonnement de jeux vidéo et/ou de jeu en streaming dans le nuage, et sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC.
#MergerControl Commission 🇪🇺 opens in-depth investigation into the proposed acquisition of Activision Blizzard by Microsoft 🎮🔗https://t.co/qttzWXTKPa pic.twitter.com/QWDCag28mM
— EU Competition (@EU_Competition) November 8, 2022
Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence au sein de la Commission européenne, a déclaré :
Les jeux vidéo attirent des milliers d’utilisateurs à travers le monde et comptent parmi les formes de divertissement numérique qui connaissent la plus forte croissance. Depuis des années, Microsoft est un acteur de premier plan dans la chaîne de commercialisation du jeu. Elle acquiert aujourd’hui Activision Blizzard, un éditeur de contenu de jeu à la réussite éclatante. Nous devons veiller à cette opération n’évince pas du marché les distributeurs de jeux vidéo pour consoles et PC existants et futurs, ni les fournisseurs concurrents de systèmes d’exploitation pour PC. L’objectif est de veiller à ce que l’écosystème du jeu conserve sa formidable vitalité, dans l’intérêt des utilisateurs, dans un secteur qui évolue rapidement. L’enquête approfondie nous permettra d’évaluer de quelle manière l’opération affecte la chaîne de commercialisation du jeu.
Une concurrence déloyale pointée du doigt par la Commission européenne
En laissant Microsoft s’approprier Activision Blizzard, l’un des cinq membres des GAFAM pourrait librement :
- Verrouiller l’accès aux jeux vidéo pour consoles et PC d’Activision Blizzard, notamment à des jeux emblématiques et rencontrant un énorme succès tels de Call of Duty, dont le dernier opus a réalisé un démarrage record tout en générant un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars en dix jours, principalement grâce à ses ventes sur les consoles PlayStation
- Avoir la capacité, de même que la tentation économique, de mettre en place des stratégies d’éviction des distributeurs de jeux vidéo pour consoles concurrents, par exemple en les empêchant de distribuer les jeux vidéo pour consoles d’Activision Blizzard sur les consoles ou en dégradant les conditions d’accès à ces jeux vidéo ou d’utilisation de ceux-ci
- Verrouiller l’accès à ses propres jeux vidéo pour PC et consoles sur les services d’abonnement de jeux vidéo et/ou de jeu en streaming dans le nuage en particulier, sachant qu’ils sont essentiels pour la fourniture de ces services naissants, au détriment des distributeurs de jeux vidéo pour consoles et PC concurrents qui offrent des services de ce type
- Réduire le jeu de la concurrence sur les marchés de la distribution de jeux vidéo pour consoles et PC, ce qui entraînerait une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation pour les distributeurs de jeux pour consoles, qui peuvent ensuite se répercuter sur les consommateurs
- Réduire la capacité d’autres fournisseurs de systèmes d’exploitation pour PC à concurrencer Windows, son système d’exploitation, en combinant les jeux d’Activision Blizzard et sa distribution de jeux via le jeu en streaming dans le nuage vers Windows, afin de décourager les utilisateurs d’acheter des PC ne fonctionnant pas sous Windows
- Avoir la capacité, de même que la tentation économique, de mettre en place une telle stratégie à l’égard de fournisseurs concurrents de systèmes d’exploitation pour PC
La Commission européenne se donne jusqu’au 23 mars 2023 pour donner un verdict final concernant le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft.