Le procès de la responsable d’une cellule de déradicalisation commence ce lundi. Sonia Imloul est jugée par le tribunal correctionnel de Paris pour « détournements de fonds publics, blanchiment et travail dissimulé ».
En décembre 2014, Bernard Cazeneuve s’était déplacé en personne dans les locaux de la Maison de la prévention et de la famille, en Seine-Saint-Denis, pour encourager l’initiative. Moins d’un an après, en août 2015, cette cellule de déradicalisation était contrainte de mettre brutalement la clé sous la porte.
Ce lundi, son ex-responsable Sonia Imloul, comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour détournements de fonds, blanchiment et travail dissimulé. Selon Le Parisien, elle est notamment soupçonnée d’avoir viré les sommes de 25.000 euros et 35.000 euros, subventions normalement destinées à la structure, à son ex-conjoint et à sa mère, grâce à un RIB falsifié.
Les subventions ont cessé du jour au lendemain
En 2014, le gouvernement décide de mettre en place une plateforme de signalement, permettant aux familles de signaler des possibles candidats au départ pour le jihad. De nombreuses associations ont vu le jour, dont la Maison de la prévention et de la famille, située à Aulnay-sous-Bois. Son objectif: « soigner » les candidats au jihad.
« On a réussi, il y a quelques mois de ça, à faire en sorte que de très jeunes enfants ne partent pas. Ils sont aujourd’hui rescolarisés, c’est un bon début », se félicitait Sonia Imloul, malgré les tensions qu’elle rencontrait avec la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Du jour au lendemain, les subventions allouées à l’association cessent, en 2015: les autorités doutent quant à certaines incohérences. D’autant plus que l’ancien coordinateur administratif, Julien Revial, 24 ans, dénonce les mensonges de sa responsable, dans un livre intitulé Cellule de déradicalisation. Chronique d’une désillusion.
Des finances très opaques
Aux médias, Sonia Imloul affirmait avoir pris en charge une trentaine de familles. Dans un entretien accordé au Figaro, le jeune homme dément: « Nous recevions plus de journalistes que de familles ». Il indique ainsi que l’association procède à un gonflement des chiffres: selon lui, seuls trois dossiers de déradicalisation ont réellement abouti. En outre, Sonia Imloul déclarait aussi travailler avec une équipe de psychologues, psychiatres, médiateurs religieux ou encore « criminologue-victimologue ». Là encore Julien Revial rétorque au Figaro:
« Au mieux, on a été cinq à travailler, Sonia Imloul incluse. On n’a jamais eu non plus de criminologue-victimologue dans l’équipe ».
Enfin, les finances de l’associations restent très opaques. Certaines pièces de l’appartement servant de local associatif sont, par exemple, louées à des étudiantes. Julien Revial raconte qu’il n’a jamais été rétribué pour son travail, de même que les autres membres de l’association. Ensemble, ils alertent la préfecture de police, dont l’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance astucieuse.
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